Zones de glissements de terrain

Les glissements de terrain correspondent à des déplacements en masse de roches meubles le long d'un versant. Ils apparaissent suite à la rupture de l'équilibre dans un versant par augmentation des contraintes de cisaillement ou par diminution de la résistance des terrains.

Les facteurs génétiques, qui agissent souvent de manière combinée, sont de plusieurs types : météorologiques (précipitations de forte intensité et de longue durée, fonte des neiges, ...), anthropiques (modification de la pente par terrassement ou surcharge sous la forme d'un remblai ou d'une nouvelle construction), hydrologiques ou hydrogéologiques (apparition de sources au niveau d'une couche plus argileuse, élévation du niveau de la nappe aquifère, rupture d'une canalisation, ...), sismiques (phénomène de liquéfaction suite à un tremblement de terre, ...).

En Wallonie, de nombreux secteurs sont affectés par des glissements de terrain. Toutefois, seuls deux d'entre eux ont fait l'objet d'études (suite à des accidents intervenus sur des habitations) : la région des Collines dans le nord-ouest et le Pays de Herve dans le nord-est.

Glissements du Mont-de-l'Enclus

La "Région des Collines" est affectée de très nombreuses traces de glissements dont la genèse est liée à la présence d'un niveau imperméable d'argiles d'une dizaine de mètres d'épaisseur (Formation d'Aalbeeke), surmonté de dépôts sableux (Formation de Tielt). Lors de fortes pluies, les sables se chargent en eau, des sources apparaissent au contact avec les argiles et des masses sableuses sommitales glissent générant ainsi un abrupt de décrochement au sommet et un bourrelet d'accumulation au pied du versant.

Si ces glissements de terrain sont particulièrement présents en région flamande, ils le sont également en région wallonne au niveau des communes du Mont-de-l'Enclus et de Frasne-les-Anvaing.

Pour ce qui est du Mont-de-l'Enclus, en avril 1994, suite à des pluies présentant une période de retour légèrement inférieure à 50 ans, un glissement de terrain a endommagé plusieurs habitations de la rue du Renard et de la rue du Caumont et a nécessité l'intervention du Fonds des Calamités pour plus de 50 millions de francs belges (1,25 millions d'euros). Une première étude a été menée par l'administration fédérale mais n'a porté que sur le glissement en question.

L'Université de Liège (Laboratoire de Géomorphologie et Télédétection) a donc été chargée en 1998 par l'administration régionale de procéder à une étude détaillée du versant sud du dit-mont. Celle-ci a consisté en :

  • une analyse de l'influence des constructions humaines sur le risque de glissement ;
  • une analyse des composantes environnementales en liaison avec les glissements ;
  • l'établissement d'une carte de synthèse destinée à délivrer les permis de bâtir en connaissance de cause.

 

 

Cette carte de synthèse est consultable sur l'application "Thématiques sous-sol". Elle intègre, selon une approche géo-morpho-pédologique, les informations quant à :legende_glisstmde.jpgssol_glisstmde.jpg

  • la géologie, qui donne une vision d'ensemble du système mais localise de manière imprécise la couche d'argile ;
  • la géomorphologie, qui affine la localisation par le relevé d'éléments traduisant la présence de cette couche (glissements superficiels, sources, profil du terrain, ...)
  • la pédologie, qui intègre les précédentes informations au niveau de la texture, du drainage et du profil des sols.

Sa légende traduit les conclusions de l'étude en localisant les glissements observés, les argiles d'Aalbeke avec un périmètre d'incertitude sur leurs limites, la zone d'incertitude quant l'apparition possible de glissements, dont celle prospectée par des moyens géotechniques, et les secteurs de plus forte pente.

Enfin, un Plan Communal d'Aménagement (PCA) a été adopté sur base de cette étude et permet, par zones, l'interdiction ou l'imposition de normes strictes quant à la construction sur ces terrains.

Glissements du Pays de Herve

Le Pays de Herve présente, sur les flancs de la crête de Battice à Henri-Chapelle, 18 glissements de terrain reconnus datant d'il y a environ 2000 ans.

Sous les dépôts quaternaires (alluvions, limons, éboulis, dépôts de versants et colluvions) et tertiaires (sables résiduels dans les poches de dissolution des formations carbonatées plus anciennes), on y retrouve les formations suivantes du Crétacé supérieur :

  • la Formation de Gulpen est composée habituellement de craies blanches avec ou sans silex, et de tuffeaux crayeux et sableux ;
  • la Formation de Vaals, d'une trentaine de mètres, incluant les niveaux de smectites de Herve, est formée de marnes (argiles calcaires ou craies argileuses), de grès argileux et de sables glauconifères. La composante sableuse décroît d'est en ouest au profit de la composante argileuse. De sables "purs" au nord-est d'Henri-Chapelle, elle passe à des sables argileux entre Henri-Chapelle et Thimister-Clermont, puis à des argiles sableuses entre Thimister-Clermont et l'ouest de Herve, et devient des argiles encore plus à l'ouest. A ce sujet, en 1882, Dumont signalait d'anciennes exploitations de "smectites" (terres plastiques) au nord de Xhendelesse.
  • la Formation d'Aachen, en discordance sur les schistes et grès très altérés du Carbonifère (Houiller), se compose de sables blancs et jaunes souvent fins et argileux, à interstratification de grès et d'argile noire à végétaux et pyrite.

Ces deux dernières formations sont propices à l'apparition de mouvements de terrains :

  • Les smectites de Herve contribuent à l'apparition de tassements et de gonflements , d'ampleur d'ordre centimétrique. La smectite est une argile gonflante constituée principalement de montmorillonite ayant la propriété d'accumuler de grande quantité d'eau (phénomène de gonflement) et, inversement, de se dessécher fortement en période de sécheresse (phénomène de retrait).
  • Les argiles sableuses de Vaals, entre Thimister-Clermont et l'ouest de Herve, et les sables d'Aachen sont propices à la présence de nappes d'eau piégées dans les lentilles sableuses et sont soumis à des phénomènes de boulance (soulèvement brutal du sol par la pression de l'eau piégée). On y observe les plus importants glissements de terrains, caractérisés par des déplacements décimétriques à métriques, plus ou moins rapides, de volumes importants de terrains meubles.

Par ailleurs, les glissements peuvent être soumis à des réactivations comme ce fut le cas, à Manaihan (Herve), le 14 septembre 1998, suite à de fortes pluies (plus de 100 mm de précipitation en moins de 24 h). Ceci a provoqué la destruction d'une maison, d'importants dégâts à une station de distribution de gaz, la rupture d'une canalisation d'eaux usées industrielles et le basculement d'une annexe d'une menuiserie.

Une première étude a été commandité en 1999 auprès de l'Université de Liège (Département de Géologie et Département de Géographie) suite aux observations faites à l'occasion de l'étude d'incidence préalable à la construction de la ligne TGV Liège-Cologne. Elle a eu pour objet le repérage de 15 glissements au départ de photographies aériennes et de vérifications de terrain, leur analyse par une série de reconnaissances géophysiques (sondages sismiques et électriques, tomographies électriques) et mécaniques (essais de pénétration au cône), l'évaluation des facteurs les ayant déclenché (nature des formations géologiques, pluviométrie, tectonique, ...) et la cartographie prédictive du risque de glissement.

Cette carte, centrée sur les communes de Herve et de Thimister-Clermont, a été établie sur base d'une analyse probabiliste. Pour l'ensemble du secteur, les zones de décrochement (15% supérieurs des glissements) observées ont été confrontées à la lithologie, à la proximité des failles transverses potentiellement actives en relation avec le Graben de la Minerie, à la proximité du réseau de drainage (thalwegs), à l'intensité et à l'orientation de la pente et à l'altitude.

legende_glisstpdh.jpgssol_glisstpdh.jpgUne seconde étude effectuée par l'Université de Liège (Département de Géographie et GéomaC) s'est attachée à cartographier, pour l'ensemble du Pays de Herve, les zones potentiellement instables (glissements et gonflement-retrait).

Cette carte de synthèse est consultable sur l'application "Thématiques sous-sol". Sa légende traduit les conclusions de l'étude en localisant les glissements observés, les zones résultant du croisement entre les formations incriminées et l'intensité de la pente, ainsi que les zones où ces formations n'affleurent pas mais qui pourraient être affectées par entraînement ou accumulation. Il faut signaler que trois glissements ont encore été repérés.

À l'occasion de cette même étude, il a été établi une méthodologie objective, rapide et relativement économique d'appréciation du risque de glissement de terrain. Cette méthode devrait être appliquée impérativement dans les zones potentiellement instables définies par la carte de synthèse avant tout aménagement. Cette méthodologie se base notamment sur une prospection géophysique par tomographie électrique. Cette technique consiste à mesurer la résistance électrique du sol (résistivité) le long d'un alignement d'électrodes : la résistivité mesurée dépend de la nature plus ou moins argileuse du terrain et de sa teneur en eau. On obtient ainsi une coupe interprétative donnant la répartition des résistivités en profondeur à l'aplomb de la ligne de mesure et permettant d'évaluer l'étendue de l'éventuel glissement.

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