Pourquoi une carte géologique ?

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Beaucoup de gens se demandent sans doute à quoi sert une carte géologique.

Pourtant, sous les quelques centimètres ou mètres de dépôts dits superficiels (sol, limon etc), les roches sont partout sous nos pieds.

Leur influence se marque clairement dans nos paysages, non seulement dans le relief, mais aussi dans les constructions, parfois les plus humbles, que l'homme a érigées à partir des matériaux qui se trouvent sous ses pieds ou dans les environs immédiats.

Le sous-sol supporte donc nos habitations, industries et les ouvrages d'art (ponts, barrages), stocke notre eau potable, fournit les matières premières, sert d'entrepôt pour les déchets ou est percé de tunnels. La connaissance de la répartition spatiale des divers types de roches se révèle donc indispensable pour pouvoir résoudre des tâches pratiques dans de nombreux domaines.

C'est la carte géologique qui synthétise le mieux l'état des connaissances du sous-sol.

Son utilité est évidente lorsque l'on se place dans l'optique du "développement durable" qui implique notamment une "gestion parcimonieuse des ressources", comme défini le plan d'environnement pour le développement durable en Région Wallonne.

Elle est indispensable pour :

  • la gestion et l'exploitation des ressources (extension et l'exploration de gisements exploitables, aménagement des plans de secteur, gestion des eaux souterraines) ;
  • l'évaluation des risques (glissements de terrain, effondrements) et la stabilité des habitations et des ouvrages d'art (ponts, barrages, tracé du TGV) ;
  • l'analyse environnementale et l'aménagement du territoire en général. (stockage des déchets, restauration des monuments avec des matériaux adéquats, protection des sites) ;
  • la recherche scientifique et l'intégration dans la cartographie géologique et la paléogéographie européennes, ainsi que dans les programmes internationaux (voir CAPAS - Comité de l'Académie pour les Applications de la Science).

Gestion et exploitation des ressources

Nos ressources minérales ont été utilisées pour les constructions, parfois les plus humbles, que l'homme a érigées à partir des matériaux qui se trouvent sous ses pieds ou dans les environs immédiats : arkose jaune ou violette, grès jaune et rouille, schiste bruns, calcaire gris bleu, ardoises d'Ardenne, ou nos splendides "marbres" rouges ou noirs (voir Pierres et Marbres de Wallonie). Ces roches de construction donnent à beaucoup de nos villages un caractère particulier bien distinct, elles font partie de notre terroir et de notre histoire.

La géologie se marque aussi dans notre industrie, si l'on considère notre long passé minier et l'importance économique actuelle de notre industrie extractive avec 50 millions de tonnes extraites dont 1/5 environ sont exportés : 35 millions de tonnes de granulats et 14 millions de tonnes de calcaire et de dolomie utilisés en cimenterie, industrie de la chaux, métallurgie ou la chimie. Le reste est utilisé comme moellon ou roche ornementale. Cette activité représente actuellement un emploi direct de plusieurs milliers de personnes et génère un emploi indirect bien plus important. Chaque année également, plus de 150 millions de mètres-cubes d'eau sont extraites du sous-sol.

Ces quelques chiffres montrent combien les industries extractives ont besoin d'espace. Leur activité, bruyante et génératrice de poussières malgré les grands progrès réalisés, s'accommode mal du voisinage de zones d'habitat. Or les gisements ne pouvant être déplacés, il paraît indiqué de ne pas placer les zones d'habitat aux alentours de ceux-ci. Le gestionnaire de l'espace attend donc de la carte géologique une délimitation précise de ces gisements, de façon à éviter le voisinage d'activités incompatibles.

En outre, les ressources du sous-sol ne sont pas renouvelables : des dizaines, des centaines de millions d'années furent nécessaires pour la formation de ces roches que nous dynamitons, broyons, calcinons avec tant d'ardeur. Certains de ces produits doivent être exploités avec parcimonie car ils sont limités, en particulier nos roches ornementales. Nous ne pouvons nous permettre de les gaspiller en leur affectant une destination moins noble que celle que leurs qualités leurs confèrent. Il faut que les générations à venir puissent elles aussi disposer de ces splendides matériaux. Une gestion de nos ressources doit être mise en place et la Carte géologique est l'outil de base pour en faire un inventaire.

De la carte géologique, on attend donc qu'elle nous permette d'évaluer précisément la qualité et la quantité de nos gisements de façon à en planifier l'exploitation.

Evaluation des risques

De par sa géologie, la Wallonie n'est pas concernée par les risques volcaniques. Nous ne sommes pas non plus situés dans des zones de haute sismicité. Pourtant, certaines régions du territoire ont connu des tremblements de terre, certains dévastateurs comme celui des environs de Verviers au XVIème siècle (Sismicité en Belgique ).
Notre territoire connaît par contre quelques caprices liés à la nature de son sous-sol : des glissements de terrain comme ceux que nous avons connu au Mont-de-l'Enclus ou actuellement sur le plateau de Herve (Glissements de terrains ) et des effondrements souvent dus à des poches karstiques comme ceux du Tournaisis (Les effondrements karstiques du Tournaisis). Les dangers du radon, directement lié à la composition du sous-sol ne sont pas oubliés (Le radon : un risque méconnuAnalyse de la situation en région wallonne).
Là ou circulent des trains ou d'autres véhicules ces effondrements ou ces glissements de terrain peuvent prendre des dimensions catastrophiques, coûteuses en vies humaines ou en opérations de dépollution. Il sera donc mieux indiqué de favoriser les tracés des voies de communication sur les terrains les plus stables et les moins sensibles aux pollutions.

On attend de la carte géologique qu'elle aide à la localision de ces phénomènes pour éviter d'y installer des bâtiments ou des ouvrages d'art.

Une autre contrainte doit aussi être prise en compte, la vulnérabilité à la pollution. Il n'est pas indiqué, par exemple, de placer un zoning industriel sur un sous-sol calcaire fissuré riche en eau ou criblé de cavités karstiques , milieux très propices à la diffusion des pollutions et qui peuvent encore être déstabilisés si des industries y installent des captages pour exploiter la nappe aquifère.
Dans le cas de sites contaminés, tels que les anciennes décharges, il est nécessaire de savoir si les roches environnantes et celles qui recouvrent le site sont suffisamment étanches, afin que les matières susceptibles de mettre en danger l'environnement et de nuire à la santé ne puissent pas migrer plus loin.

De nouveau, le planificateur doit disposer d'une carte géologique précise à l'échelle des plans de secteurs.

Analyse environnementale, protection de l'environnement, valorisation des sites et du patrimoine géologique

La nécessité de la protection de la faune et de la flore et de leurs habitats s'est peu à peu imposée à notre mode de vie et de pensée. En revanche, l'idée de protection des formations géologiques sur lesquelles ils reposent suscite encore trop d'indifférence et d'incompréhension. Nous oublions que ce sont les seuls témoins des forces prodigieuses qui animent notre planète et des formes de vie anciennes, à jamais disparues, qui s'y sont succédé pendant des centaines de millions d'années. Pourtant le substrat géologique étudié comme mémoire de l'histoire de la Terre, devient paysage, héritage et patrimoine au moment où il est valorisé grâce à des motivations écologiques relevant de l'attrait que l'homme peut lui donner. Protégé selon divers modes et degrés, la plupart des phénomènes géologiques ne réapparaissent plus après leur destruction (la Terre ne se reproduit pas et le temps géologique ne se répète pas). Si celle-ci intervient, ils sont à jamais perdus (ProGEO (The European Association for the Conservation of the Geological Heritage). Le substrat géologique peut ensuite être  exploité suite à des stimulations écologiques et économiques, ce qui implique la conception et la réalisation de projets touristiques ayant comme base ce substrat géologique ( Sciences de la Terre et tourisme ).

Ce concept de géotourisme s'inscrit dans une dynamique mondiale concrétisée notamment dans la politique de l'UNESCO et la création de géo-parcs (Unesco - Geological heritagesite des geo-parcs européens) et dans la création de réserves ou de sentiers géologiques. Il repose sur l'utilisation du patrimoine géologique d'une région pour supporter son développement aussi bien en le faisant connaître (valorisation de l'intérêt scientifique, de sa rareté, de son aspect esthétique ou de son intérêt pédagogique) qu'en se servant de lui comme support d'une activité économique.

A titre d'exemple, la réserve géologique de Haute Provence attire à l'heure actuelle 100 000 visiteurs par an, alors qu'elle était très faiblement fréquentée par les touristes avant son établissement. Créée officiellement en 1984, elle représente aujourd'hui un facteur essentiel du développement local.

Le concept de réserve ou de sentier géologique peut donc produire de l'emploi et des nouvelles activités économiques. En Wallonie, le champ de la protection du patrimoine géologique est faiblement pris en compte et joue un rôle mineur  (voir par exemple sentier géologique de Comblain-au-PontValorisation du patrimoine géologique belge)

La réhabilitation des sites en fin d'exploitation pourrait conduire à de tels projets. Elle peut consister à remettre le site dans un état qui ressemble à son état initial, c'est à dire à reboucher le trou, solution rarement satisfaisante puisque les propriétés physiques initiales ne seront pas restaurées. Il y aura donc, par exemple, peu de chances pour que le site redevienne constructible. Par contre une destination récréative est souvent envisageable : base aquatique, terrain de sport, de promenade, réserve "naturelle" ou géologique si l'exploitation a mis à nu des phénomènes géologiques dignes d'intérêt.
Des sentiers géologiques pourraient être établis dans diverses régions de notre pays, un projet a vu le jour sur le RAVEL de l'Ourthe et à la citadelle de Namur.

La carte géologique permet d'apprécier d'un seul coup d'oeil les terrains susceptibles de répondre à ces besoins (anciennes carrières, ...).

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