Origine du projet
Compétence de la Région en matière de cartographie géologique
La loi spéciale de réformes institutionnelles du 8 août 1980, modifiée par la loi du 8 août 1988, donne, en son article 6, §1er, VI, 5°, compétence aux Régions pour "les richesses naturelles", dont les richesses minérales contenues dans le sous-sol.
La loi spéciale du 16 juillet 1993 visant à achever la structure fédérale de l'Etat, par son article 3, §1er, déclare que les Communautés et les Régions sont compétentes pour la recherche scientifique, dans le cadre de leurs compétences respectives, en ce compris la recherche en exécution d'accords ou d'actes internationaux ou supranationaux (L'autorité fédérale reste compétente notamment pour la recherche scientifique nécessaire à l'exercice de ses propres compétences, en ce compris la recherche scientifique en exécution d'accords ou d'actes internationaux ou supranationaux; la mise en œuvre et l'organisation de réseaux d'échange de données entre établissements scientifiques sur le plan national et international; les établissements scientifiques et culturels fédéraux, en ce compris les activités de recherche et de service public de ces derniers.).
La gestion des richesses implique leur connaissance. C’est la carte géologique qui synthétise le mieux l’état des connaissances du sous-sol.
La Région est donc compétente pour dresser la carte géologique de son territoire et promouvoir la recherche scientifique y liée.
Etat de la cartographie géologique avant la régionalisation
Après les premières cartes d'OMALIUS D'HALLOY (1822), d'André DUMONT (1853-55) et les planches à 1/20 000 de la Commission de la Carte géologique (1878-1885), il a appartenu à la Commission géologique de faire dresser la cartographie géologique complète de la Belgique à l'échelle du 1/40 000, entre 1890 et 1919 (sauf les Cantons de l'Est, encore prussiens). Cette carte est la première à avoir été publiée sur un fonds topographique précis (Institut Géographique Militaire, projection Bonne). Le territoire de la Région wallonne (sauf les Cantons de l'Est) est couvert par 142 planchettes à 1/40 000.
Une révision très partielle, 9 planches, à l'échelle du 1/25 000, sur fonds topographique en projection Lambert, a été réalisée fin des années 1960, sans autre suite. Chacune des feuilles était accompagnée, pour la première fois d'un livret explicatif.
Depuis 1890 jusqu'à la régionalisation, la confection de la carte était traditionnellement confiée au Service géologique de Belgique (branche de l'Administration des Mines).
La logique de la régionalisation aurait dû conduire, dès les années 1980, et certainement après la loi du 16 juillet 1993, à la régionalisation du Service géologique de Belgique, avec transfert du personnel mais surtout des archives (minutes et archives des levés). Cependant, pour diverses raisons, aucun "Service géologique wallon" – ou unité équivalente - n'a été créé au sein de l'Administration : le projet de révision de la Carte géologique était géré par le Service Ressources du Sous-sol (Administration des Mines wallonne), devenu en 1991 la Division de la Prévention des Pollutions et de la gestion du Sous-sol (DPPGSS).
Décision de revoir la Carte géologique de la Wallonie
Les cartes anciennes ne bénéficiaient pas du progrès des connaissances, des théories et des techniques, ni du report des multiples observations du XXème siècle. N'y figurent pas non plus les résultats de nombreux travaux de recherche et de synthèse réalisés par les organismes scientifiques et les sociétés privées. De plus, ces cartes correspondent peu aux préoccupations actuelles où l'on recherche d'abord une meilleure adéquation des activités humaines avec la nature du sous-sol.
Programme | Echelle du levé (minutes) |
Echelle de publication | Livret explicatif |
Description des affleurements | Type de représentation |
1878-1885 | 1/20 000 | 1/20 000 sur carte de Van Der Maelen, non conforme |
non | oui | Accent mis sur les observations (cartographie des affleurements) et distinction des observations à l'affleurement ou en sondage des interprétations entre ces points. Très détaillée. Restée à l'état d'essais-pilotes |
1890-1919 | 1/20 000 | 1/40 000 proj. Bonne, non conforme |
peu <25 | oui, non formalisée | Description chronostratigraphique (regroupement des roches par type d'âge équivalent); pas de représentation des terrains de couverture (limons,...) mais indication locale des épaisseurs |
1960-1970 | 1/10 000 | 1/25 000 proj. Lambert 72/50 |
oui | oui, non formalisée | Description chronostratigraphique, avec superposition, en surcharge, des terrains de couverture (limons, alluvions,...) |
1990-20?? | 1/10 000 | 1/25 000 proj. Lambert 72/50 |
oui | oui, formalisée et informatisée | Description lithostratigraphique (regroupement des roches par ensemble lithologiques); pas de représentation des terrains de couverture (limons,...) |
Après étude approfondie du problème et consultation des chercheurs concernés (le professeur R. CONIL de l'UCL appuyé de A. DELMER, directeur honoraire du Service géologique de Belgique), la DGRNE a proposé, en 1989, à l'Exécutif régional wallon d'entamer la révision complète de la carte géologique de Wallonie en associant, dans ce travail, des équipes de chercheurs des quatre universités francophones et du Service géologique de Belgique, sous l'égide de la Division de la Prévention des Pollutions et de la Gestion du Sous-sol (Division de la Prévention et des Autorisations, en 1998).
En séance du 7 décembre 1989, l'Exécutif régional wallon a admis le principe d'une révision de la Carte géologique de la Wallonie, ce qui s'est traduit par la signature, entre les parties intéressées, d'une convention d'une durée de deux ans, prenant cours le 1er avril 1990, pour la révision, à titre d'essai, de neuf cartes géologiques.
la fin de cette période d'essai, un bilan des travaux effectués a été dressé et présenté au gouvernement wallon le 2 avril 1992. Ses conclusions étaient positives compte tenu du temps nécessaire pour roder les équipes, créer les structures adéquates et mener à bien les discussions avec les différentes autorités scientifiques concernées.
Au vu des résultats acquis, l'Exécutif régional wallon a décidé, le 9 avril 1992 :
- d'approuver le principe de la révision globale de la carte géologique ;
- que cette révision se déroulera sur la base de plans triennaux ;
- que le programme sera établi par le Directeur général de la Direction générale des Ressources naturelles et de l'Environnement en concertation avec le Comité de Pilotage du projet.
Le choix des premières feuilles à lever a été fait en tenant compte de priorités dictées par le Gouvernement wallon, telles que la cartographie des zones à risques (zones karstiques du Tournaisis), la révision des plans de secteur, la nécessité scientifique de relier entre elles les cartes déjà levées ainsi que la disponibilité des nouveaux fonds de l'IGN.