Zones de contraintes karstiques
L'Université de Liège (Laboratoire de Géomorphologie et de Télédétection), la Faculté Polytechnique de Mons (Service de Géologie Fondamentale et Appliquée) et la Commission wallonne d'Étude et de Protection des Sites souterrains (CWEPSS) ont été chargées, sur base du recensement effectué dans l'Atlas du Karst wallon, d'une bibliographie sélective et d'études de terrain, de définir des zones sur et à proximité des phénomènes karstiques, où la construction doit être subordonnée à des conditions particulières.
Cette étude s'est déroulée en plusieurs étapes :
- en 1995, une étude-pilote a été réalisée dans le vallon de Sprimont à Chanxhe ;
- en 1998, a été finalisée la cartographie des terrains en zones urbanisables aux plans de secteur ;
- en 2000, celle en liaison avec les carrières, les transports de fluides, les réseaux de transports publics et les sites karstiques d'intérêt scientifique et patrimonial ;
- en 2002, celle des terrains en zones agricoles ;
- en 2004, celle à proximité des phénomènes karstiques présents dans les craies du Pays de Herve ;
- en 2005, celle en liaison avec les stations d'épuration ou de pompage (PASH), les bassins d'orage, les réseaux d'égouttage et les éléments linéaires au plan de secteur.
Les couches suivantes sont consultables sur l'application "Thématiques sous-sol" :
- les sites karstiques et le karst surfacique de l'Atlas du Karst wallon : les phénomènes karstiques de l'Atlas sont représentés par un symbole couvrant une zone de 50 m de diamètre au sein de laquelle il est préconisé d'interdire la construction. Il en est de même au sein des périmètres reprenant l'emprise en surface des phénomènes (dépressions karstiques coalescentes, chantoirs avec une vaste dépression autour du point de perte, ...) qui ont des diamètres en surface supérieurs à 50 m;
- les périmètres de contraintes karstiques : des zones de contrainte modérée ou forte ont été définies par la DG04, sur bases d'études, en fonction de la nature du phénomène karstique (perte, doline, abri sous roche, ...), de la topographie (vallée sèche, plateau calcaire), de l'importance du phénomène (petite doline de tassement, vaste chantoir, ...), de la densité de ceux-ci (cavité isolée ou champs de dolines) et du caractère évolutif du phénomène (apparition récente de pertes, activité hydrologique, ...).
Zones de contraintes
Outre la zone de 50 m définie par le symbole cartographique représentant le phénomène karstique, deux types de zones de contrainte ont été définies :
- les zones de contrainte forte correspondent aux zones où toute construction doit être évitée, voire interdite, car les risques liés au karst y sont importants. Elles ont été définies lorsque la présence de plusieurs phénomènes karstiques très proches les uns des autres justifiait la coalescence de leurs aires de contrainte (les champs de dolines, ...), lorsque la formation de nouveaux phénomènes karstiques est très probable (un vallon sec sous lequel le soutirage et la dissolution liée à la circulation d'eau souterraine peuvent induire des effondrements, ...), lorsque les phénomènes karstiques sont actifs ou réactivés et que l'on peut prévoir la manière dont ils risquent d'évoluer (la tendance naturelle au recul des chantoirs vers l'amont, jusqu'à la limite entre les calcaires et la roche imperméable, le "rejeu" et l'approfondissement de certaines dolines, ...) ou lorsqu'une cavité présente des risques d'effondrement du toit, etc.;
- les zones de contrainte modérée correspondent aux zones où des risques inférieurs à ceux situés dans les zones de contrainte forte sont estimés. La dimension, la densité et l'activité des phénomènes karstiques y sont plus faibles. De telles zones ont également été définies autour de zones de contrainte forte afin de constituer un périmètre de sécurité (principe de précaution). Les demandes de permis ne doivent pas y être systématiquement refusées, mais faire l'objet d'investigations complémentaires (études géotechniques et géophysiques, ...) en vue de vérifier et de garantir la stabilité du sol et des fondations.
Dans le cas particulier du Tournaisis, les effondrements sont liés le plus souvent aux pompages des eaux des nappes souterraines. L'analyse combinée de la densité d'effondrements et du dénoyage des calcaires permet d'obtenir un bon indicateur spatial et temporel du risque d'effondrement. Trois zones de contrainte ont été définies :
- une zone de contrainte forte où la densité d'effondrements est supérieure à 15 unités/km² ;
- une zone de contrainte modérée où la densité d'effondrements est comprise entre 1 et 15 unités/km², ou bien où le dénoyage du socle calcaire est supérieur à 10 m ;
- une zone de contrainte faible où la densité d'effondrements est inférieur à 1 unités/km², ou bien où le dénoyage est supérieur à 5 m. Cette zone n'a pas d'équivalent dans le reste de la Wallonie et a été introduite pour tenir compte de l'approximation des différents modèles et du caractère évolutif de la surface piézométrique.
Enfin, les roches calcaires peuvent être altérées par les eaux météoritiques ou souterraines, le risque n'y est jamais nul. C'est la raison pour laquelle, la présence de formations carbonatées affleurantes est aussi reprise dans l'application "Thématiques sous-sol" pour attirer l'attention des gestionnaires du territoire sur la particularité de ce type de sous-sol.