Formation de Villé (VIL)

Origine du nom : coupe type située sur la feuille 60/2, le long de la route de La Roche-en-Ardenne à Houffalize, dans la traversée du hameau de Villé.

Lithologie : la Formation de Villé se caractérise par des alternances de trois lithologies dominantes :
  • des phyllades (ou des shales, schistes et siltites) bleu sombre à lamines gréseuses rouille ;
  • des siltites et grès argileux gris ou bleus, présentant souvent une altération superficielle brun rouille, en bancs pluridécimétriques ;
  • des grès bleus carbonatés, souvent très fossilifères, cariés superficiellement et limoniteux, en bancs pluridécimétriques.

On note localement le passage des grès carbonatés à des calcaires gréseux crinoïdiques, parfois noduleux. L'élément calcaire se présente aussi en strates lenticulaires ou en nodules de quelques centimètres d'épaisseur intercalés dans des schistes.

Des grès et des quartzites verts, gris ou blancs, parfois légèrement micacés, constituent une lithologie accessoire. La surface des bancs est souvent couverte de rides de courants.

La Formation de Villé est encore remarquable par l'intercalation à plusieurs niveaux de quartzite blanc ou crème (= faciès «anoreux» d’Asselberghs), souvent fossilifère. Ce quartzite blanc fossilifère semble former des lentilles intercalées à la base de la formation, sur les flancs NW et S de l'anticlinal de Halleux. Du quartzite analogue existe à la base de la formation dans la région de La Roche, au lieu-dit Gros Thiers, à 1000 m environ au NNW du moulin de Maboge et d'autre part, à 300 m au N de Borzée, le long du chemin de Samrée. On le trouve ensuite sporadiquement sur la bordure orientale du Synclinorium de Dinant depuis Marcouray (NW de La Roche-en-Ardenne) jusqu'à la faille de Xhoris.

Asselberghs (1946, pp. 144-146) distinguait le faciès des Amonines (= «Villé» typique) de celui de Longlier qui s’enrichit en bancs de quartzites et de quartzophyllades corrélativement à une diminution des niveaux carbonatés. Etant donné que le faciès des Amonines domine très largement sur la feuille de Champlon-La Roche-en-Ardenne, cette distinction n’a pas été appliquée.

 

Figure 5 : Formation de Villé. Phyllades bleu sombre à lamines gréseuses rouille. La stratification est ici plus redressée que la schistosité.

 

Figure 6 : Formation de Villé. Grès bleus carbonatés, avec moules internes de fossiles décalcifiés.


Paléontologie : la Formation de Villé a livré une faune abondante et diversifiée. On y a dénombré plus de 200 espèces différentes. Dans les faciès décalcifiés et celluleux (roches dénommés improprement «grauwackes» dans l’ancienne littérature belge), il s’agit généralement de moules internes. Parmi les éléments caractéristiques, il faut signaler l’abondance de spécimens de grande taille dans les représentants des crinoïdes, des brachiopodes, des lamellibranches, des trilobites et des tentaculites. Les coraux rugueux et tabulés sont fréquents.

Epaisseur : Les coupes figurant sur la carte assignent à cette formation une épaisseur comprise entre 250 et 300 m, légèrement supérieure aux 230 m estimés par Godefroid et al. (1994). Selon Asselberghs (1954), la Formation de Villé varierait de 250 à 600 m d'épaisseur sur la feuille de Champlon-La Roche-en-Ardenne ; elle serait de 500 m dans le secteur de La Roche-en-Ardenne-Ortheuville. Les épaisseurs d'Asselberghs sont souvent surestimées, en raison d'un levé cartographique moins détaillé.

Age : Les brachiopodes sont les fossiles les plus utiles en biostratigraphie et confèrent à la Formation de Villé un âge praguien probable (Godefroid et al., 1994). Anciennement, Siegenien moyen (Sg3) ou Grauwacke (du Bois) de Saint Michel de Maillieux (1937) ; Siegenien moyen (S2) ou facies des Amonines d'Asselberghs (1946).

Affleurements représentatifs :
Coupe de la route de La Roche-en-Ardenne à Houffalize, au NNE du hameau de Villé.

Coupe de la route de La Roche-en-Ardenne à Vielsalm, à la sortie de La Roche-en-Ardenne.

Pour en savoir plus :
Godefroid et Stainier (1982) ;
Godefroid et al. (1994).

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