Formation de Rivière (RIV)

Origine du nom : coupes de référence sur la rive ouest de la Meuse à Rivière, au flanc nord de l’Anticlinal de Godinne et sur l’autre versant de la vallée, le long de la route montant vers Mont, au lieu-dit « Tantachau » (Bultynck, et al., 1991).
Description :
La Formation de Rivière apparaît tant au nord qu’au sud de la bande calédonienne de Sambre-et-Meuse. Au nord, elle repose en discordance sur les schistes siluro-ordoviciens. Au sud, elle se superpose en concordance au poudingue du sommet de la Formation de Burnot.
Sur la carte Gesves-Ohey, la Formation de Rivière affleure très mal au bord nord du Synclinorium de Dinant. Sur la carte voisine de Malonne - Naninne (Delcambre, Pingot, 2017), la Formation de Rivière, mieux exposée, comprend deux membres :
  • - le premier, le Membre de Rouillon (RLL), débute immédiatement au-dessus du Poudingue de Burnot par des schistes et de schistes gréseux rouges ou verts renfermant des traces de végétaux. Ils sont surmontés d’un horizon de grès conglomératique ferrugineux à ciment peu cohérent, épais d’un mètre tout au plus et connu localement sous le nom de « Poudingue de Tailfer ». Cet horizon graveleux marque la base des couches à faune marine constituées de grès fin, de siltite et de schiste. D’abord vertes puis surtout lie-devin, elles renferment des lentilles et des nodules de calcaire grenu fossilifère. Cette partie de la formation correspond à la « Grauwacke de Rouillon » de Gosselet (1873). Les traces de ces faunes n’ont pas été observées sur la carte, probablement en raison de la précarité des affleurements ;
  • - le second, le Membre de Claminforge (CLA) (de Dorlodot, 1895b) a une épaisseur d’une dizaine de mètres au plus. Il est formé de calcaires gréseux ou argileux, de grès et de siltite noduleux et brunâtres. Le sommet du membre est fixé au passage aux calcaires francs de la Formation de Nèvremont.
Au bord nord de la bande calédonienne, la Formation de Rivière affleure nettement mieux, en raison probablement du contraste lithologique marqué entre les terrains schisteux du Silurien et les couches arénacées et conglomératiques qui soulignent la base de la Formation de Rivière. Cette unité commence par un puissant horizon de poudingue (> 2m) à galets centimétriques à décimétriques de quartz, de grès noir, rouge ou brunâtre et parfois de tourmalinite. Cet horizon de poudingue est localement dédoublé. En d’autres lieux, il se réduit latéralement très vite à un mince horizon de grès graveleux de quelques centimètres. Le Poudingue de Naninne est un horizon fort lenticulaire, de puissance très variable.
Cet horizon grossier est surmonté comme dans l’Allochtone ardennais de siltite gréseuse et de grès micacés verts renfermant des débris végétaux. Le Poudingue de Tailfer s’exprime par un horizon de grès graveleux ferrugineux à grains de quartz. À ces grès succèdent des siltites gréseuses et des grès argileux lie-de-vin. Le sommet de la formation contient quelques bancs de grès brunâtre carbonaté, lointain écho du Membre de Claminforge connu au bord nord du Synclinorium de Dinant et dans l’Unité de Malonne, à l’ouest de la Meuse (Lacroix, 1974a et b).
Épaisseur : au bord nord du Synclinorium de Dinant, la Formation de Rivière est épaisse de 70 m. Au nord du château de Faulx-les-Tombes, elle peut être estimée à près de 85 m. Cette valeur contraste fortement avec les épaisseurs réduites connues plus à l’ouest, le long de la Meuse (17 m) ou à Naninne (au moins 35 m). À l’est du château de Faulx, cette puissance subit à nouveau de brutales variations : sur l’autre rive du Samson, on n’enregistre plus qu’une quarantaine de mètres au plus au nord des Tombes ainsi qu’au sud de Strud.
Âge : Eifelien - base du Givetien. Au bord nord du Synclinorium de Dinant, le sommet du Membre de Claminforge est d’âge givetien. Sur le territoire de la carte, au nord de la Bande calédonienne, on ne dispose d’aucun élément de datation des couches de la Formation de Rivière. À Aisemont, 20 km à l’ouest, le sommet du Membre de Claminforge est également givetien (fig. 10) alors que le reste de la formation est Eifelien.
Utilisation : les grès et siltites gréseuses de la Formation de Rivière ont été artisanalement exploités pour la production de moellons ou d’empierrement (Jallet).
Affleurements représentatifs :
  • - la Formation de Rivière affleure au nord et à l’ouest du château de Faulx-les-Tombes. Le conglomérat à la base de la formation domine la crête située au sud le Ruisseau d’Arville. De petits décalages par failles le découpent à plusieurs reprises (fig. 11 A). Le passage aux couches givetiennes de la Formation de Nèvremont affleure dans le versant, au nord de la clôture du parc du château (fig. 11 B et C) ;
  • - la discordance sur le Silurien est aussi observable aux Tombes au bord ouest de la route remontant la vallée du Ruisseau de Wanet en direction du centre de Faulx-les-Tombes (fig. 13 A) ;
  • - la Formation de Rivière est bien exposée dans la tranchée de la route descendant de Strud vers Faulx-les-Tombes (fig. 12 A).
  • - au bord du nord du Synclinorium de Dinant, il est difficile d’observer la Formation de Rivière. Seuls les quelques mètres à la suite du Poudingue de Burnot affleurent. Il conviendra de se rendre soit dans la vallée de la Meuse (Tailfer), soit vers le Hoyoux pour en percevoir le détail du contenu.
Pour en savoir plus : Bultynck, Boonen (1976)
Bultynck, et al. (1991)
Coen-Aubert, Coen (1974)
de Dorlodot (1895b)
Lacroix (1974 a et b)
Stainier (1891c)

Fig. 10. Échelle biostratigraphie de l’Eifelien et du Givetien et distribution des unités lithologique dans ce schéma.

Fig. 11. Quelques affleurements significatifs dans le Dévonien de la vallée du Samson autour du château de Faulx-les-Tombes.

Fig. 12. Affleurements significatifs dans le Dévonien moyen et supérieur de l’Unité de Malonne-Boussale au sud de Strud (Haltinne).

Fig. 13. Affleurements intéressants dans la vallée du Ruisseau de Wanet, au nord-ouest de Faulx-les-Tombes.