Formation de Lives (LIV)

Origine du nom : carrière du Piton de Lives, sur la rive sud de la Meuse en aval de Namur (Demanet, 1923).
Description :
Le Calcaire de Lives surmonte celui de Neffe dont il est séparé par le Banc d’Or, horizon cinéritique constitué d’un conglomérat à galets calcaires et d’une matrice argileuse issue de la dégradation de cendres volcaniques (L1, Delcambre, 1989). Il est constitué de séquences à bases bioclastiques et sommets formés de calcaires fins, algaires, parfois stromatolithiques. Ces séquences traduisent des alternances entre périodes d’ouverture du bassin sédimentaire et des périodes de confinement dans une mer très peu profonde.
Au bord nord du Synclinorium de Dinant, les premières séquences sont de faible puissance et souvent de teinte plus claire. Elles renferment un premier horizon de brèche calcaire désigné sous le nom de « Petite Brèche ». Ces couches contiennent aussi un second banc cinéritique, situé entre 3 et 5 m de la base de la formation (cinérite L2, Delcambre, 1989). En montant dans la série, ces séquences deviennent de plus en plus épaisses, leurs bases bioclastiques sont davantage marquées tant par leur épaisseur que par leur caractère nettement plus grossier. Ce premier ensemble d’une quinzaine de séquences (V2bα auctores) forme le Membre de Haut-le-Wastia (Poty, et al., 2001).
Ce membre est surmonté d’une grosse séquence (β ou « 0 ») formée de bancs métriques de calcaire foncé bioclastique, souvent grossier, renfermant des lits de gros bioclastes (rugueux, brachiopodes, gastéropodes...). Le chapeau algaire de cette séquence aisément identifiable contient un troisième repère argileux cinéritique L3 (Delcambre, 1996). Cette grosse séquence forme le Membre de Corphalie et atteint une épaisseur d’une vingtaine de mètres.
À ces bancs succèdent un ensemble de séquences plurimétriques à bases bioclastiques bien développées (Membre des Awirs). Certaines contiennent des rognons de chert et des horizons riches en rugueux. En grimpant dans la colonne stratigraphique, les Calcaires de Lives renferment des horizons de brèche de plus en plus développés. La bréchification affecte d’abord les chapeaux de séquence puis la totalité des couches. La Formation de Lives passe, parfois de façon très diffuse, aux calcaires clairs des Grands Malades sus-jacents : la limite se place souvent au coeur de cette masse de brèche.
Dans cette unité, sur la carte voisine de Bioul-Yvoir, la bréchification fort poussée n’avait pas souvent permis de distinguer la Formation des Grands Malades de celle de Lives. À partir de la méridienne de Gesves, le processus de bréchification semble moins important qu’à l’ouest : dans la plupart des coupes disponibles, peu nombreuses il est vrai, il a été possible de discerner au-dessus de la Formation de Lives une masse de calcaire gris clair attribuée à la Formation des Grands Malades et de fixer une limite entre ces deux unités.
Dans l’Unité de Malonne-Bousalle, le passage de la Formation de Lives à celle des Grands Malades est plus net et s’opère soit à l’apparition des calcaires algaires du Membre de Maizeret de la Formation des Grands Malades autour de Thon-Samson, soit presque directement au passage à des calcaires clairs plus massifs, souvent bréchifiés, à hauteur de Goyet, plus en amont dans la vallée du Samson. La composition de la Formation de Lives ressemble à celle observée dans l’Allochtone ardennais, à la différence de la quasi-absence de bréchification, du caractère nettement foncé des premières séquences du Membre de Haut-le-Wastia et de la présence au sommet de l’unité de 4 à 5 petites séquences de calcaire plus clair à cherts, précédant les calcaires de la Formation des Grands Malades et jamais observées au sud de Gesves.
Le développement des brèches dans le Synclinorium de Dinant est attribué à la présence de matériaux évaporitiques sédimentés lors de périodes de confinement du bassin (lors des phases algaires). Le processus de formation de la Grande Brèche a été l’objet de plusieurs modèles et de multiples controverses (Pirlet, 1972 ; De Putter, 1995). À Maizeret (carrière Transcar), les traces de ces dépôts évaporitiques dans la Formation de Lives abondent (pseudomorphoses d’anhydrite, textures chicken-wire,….).
Épaisseur : dans le Synclinorium de Dinant sa puissance est variable, en fonction de la part prise par la bréchification des couches. Le V2bα est épais de 35 à 40 m, la séquence « 0 » ne dépasse pas 20 m et les couches stratifiées qui la surmontent représentent encore au minimum une trentaine de mètres de couches. Au nord, dans la vallée du Samson, la Formation de Lives dépasse de peu la centaine de mètres.
Âge : Viséen, Livien (fig. 19).
Utilisation : la Formation de Lives a été exploitée en carrière pour la production de granulats et de moellons. Dans la vallée du Samson, la grande carrière Transcar à Maizeret a achevé récemment son exploitation par la mise en valeur du sommet de la Formation de Lives située au fond de son gisement.
Affleurements représentatifs :
  • - au bord nord Synclinorium de Dinant, la Formation de Lives affleure dans les versants du vallon du Ruisseau d’Hoûte à Gesves (fig. 18 E, F, G) ;
  • - la coupe de la route reliant Bizonzon dans la vallée du Samson à Pourain et Assesse expose dans plusieurs petites carrières la Formation de Lives (fig. 15 N) ;
  • - la base de la Formation de Lives affleure dans un chapelet de carrières creusées dans les bois au sud d’Ohey, au lieu-dit « Campagne de Djettefo » ;
  • - la vallée du Samson recoupe en plusieurs points la Formation de Lives. Au lieu-dit « Les Forges », sa partie supérieure et son passage à la Formation des Grands Malades sont exposés dans la carrière creusée au bord sud de la route parcourant la vallée (fig. 22 C). Sur l’autre rive, elle y est aussi bien exposée, un peu en amont de cette carrière. Vers le sud, elle y est surmontée par faille par la Formation de Neffe (fig. 22 B) ;
  • - la base de la Formation de Lives affleure aussi au nord-ouest du château de Haltinne, dans le versant nord de la vallée du Ruisseau de la Campagne ;
  • - à l’est de Strud, une carrière creusée dans le versant nord du Ruisseau de Strouvia, expose les Membres des Awirs et de Corphalie, 300 m à l’OSO de l’église du hameau. La cinérite L3 affleure dans le panneau est de la carrière ;
  • - d’autres affleurements apparaissent encore plus en aval de ce versant, à hauteur du lieu-dit « Spémont », entre les bornes Km 7 et 8 de la route reliant Goyet à Strud, au nord-est du centre de recherche ovin des Facultés N-D de la Paix de Namur.
Pour en savoir plus : Delépine (1911)
Michot, et al. (1963)
Paproth, Conil, et al. (1983)
Pirlet (1972)
Poty, et al. (2001)

Fig. 15. Affleurements significatifs dans le Dévonien et le Dinantien dans les vallées du Ruisseau du Fond des Vaux et du Samson entre Bizonzon et Pourain.

Fig. 18. Localisation de quelques affleurements significatifs dans le Dinantien de la vallée du Ruisseau d’Hoûte.

Fig. 19. Échelle biostratigraphique du Dinantien de la Belgique et distribution des formations dans ce schéma.

Fig. 22. Quelques affleurements illustrant le Viséen moyen et supérieur de la vallée du Samson entre Thon-Samson et Mozet.