Formation de l'Entre-Sambre-et-Meuse (ESM)
Description :
Les calcaires et dolomies dévoniens et carbonifères sont affectés
d’effondrements karstiques colmatés par des dépôts cénozoïques.
Ces remplissages sont constitués de sables et d’argiles sédimentés
dans un contexte marin puis continental.
Ils ont été davantage étudiés sur les territoires des cartes voisines
(Malonne – Naninne ; Soyer 1972, 1978) et autour de la ville
d’Andenne (Calembert, 1954). Sur la carte Gesves - Ohey, leur
existence sous les limons est en général révélée par les entonnoirs
ou les longues saignées, le plus souvent noyés, défonçant les
plateaux laissés par les affaissements des argilières souterraines.
Ces dépressions sont soit partiellement comblées par les limons
de la couverture écoulés depuis les bords des fosses, soit par des
dépôts beaucoup plus récents et d’une autre nature… Les terrains
de la Formation de l’Entre-Sambre-et-Meuse ne sont donc plus
accessibles à l’observation.
Dans la région de Wépion, Soyer (1978) reconnaît parmi
ces dépôts piégés dans le karst, des dépôts marins attribués à la
transgression rupélienne. Ce sont des sables souvent fins, blanc
rosâtre à jaune clair, assez argileux, parfois fortement rubéfiés et
finement micacés. Ces couches marines (Membre d’Oret) peuvent
être surmontées de sédiments continentaux fluvio-lacustres ou
palustres datés plio-miocènes et constitués de sables fins, d’horizons
de silt et d’argile, parfois enrichis de matières organiques (Membre d’Onhaye).
À ce second membre doivent être rattachés les épais dépôts
argileux exploités entre Dave et Andenne par galeries souterraines
(Calembert, 1941a et b, 1942, 1943, 1948 et 1954) et connus sous
le nom d’ « Argile d’Andenne ». Ce sont des argiles blanches ou
grises, lenticulaires, souvent ligniteuses et rubanées (Machuria),
associés à des sables gris, des argiles parfois sableuses et
colorées par des concrétions d’oxydes de fer (Dègne). Ces dépôts
argileux sont profondément enfoncés dans des poches karstiques
développées préférentiellement dans les dolomies dinantiennes. Ils
reposent sur des dépôts sableux du Membre d’Oret. Leur géométrie
brachysynclinale résulte vraisemblablement en partie de leur
enfoncement progressif par soutirage sous-karstique contemporain
ou postérieur à leur dépôt.
Calembert (1943) distingue les gisements piégés dans le karst,
d’autres établis à la verticale des schistes namuriens. Il les considère
comme des produits d’altération du matériau schisteux in situ, à
l’aplomb de domaines affaissés du calcaire carbonifère, au contact
de sable blanc argileux.
Dans le gisement du Jeune-Chenois chevauchant la limite
entre les cartes Gesves - Ohey et Andenne - Couthuin, Calembert
(1954) décrit un dépôt formé d’argile sombre grise ou noire, situé
à l’aplomb du contact des terrains namuriens et viséens. Il a pu y
observer l’éponte namurienne en place ainsi que des masses de
terrain houiller affaissé à la base de la poche.
Il n’est pas exclu que tous ces gisements y compris ceux enclavés
dans le Houiller soient issus d’un processus assez semblable. Dans
ce second cas, le soutirage sous karstique affecterait d’abord les
schistes silésiens et délimiterait ensuite une poche colmatée à sa
base par des colluvionnements de schiste houiller (conglomérat
de base) puis par la sédimentation de l’argile d’Andenne et
éventuellement de dépôts de sables, reliques affaissées des dépôts
marins oligocènes situés à sa verticale. De telles poches de terrain
houiller effondrées dans les calcaires viséens ont été recoupées par
les carrières de Beez ou des Grands Malades à Loyers sur les cartes
de Namur - Champion et Malonne - Naninne (Delcambre, Pingot,
2015 ; 2017). Leur association avec des dépôts sableux plaide en
faveur de ce mécanisme, davantage qu’une simple altération des
schistes namuriens in situ.
|