Formation de l'Entre-Sambre-et-Meuse (ESM)

Origine du nom : sablières autour des communes d’Onhaye et d’Oret (Entre-Sambre-et-Meuse (Russo-Ermoli, 1991).
Description :
Les calcaires et dolomies dévoniens et carbonifères sont affectés d’effondrements karstiques colmatés par des dépôts cénozoïques. Ces remplissages sont constitués de sables et d’argiles sédimentés dans un contexte marin puis continental.
Ils ont été davantage étudiés sur les territoires des cartes voisines (Malonne – Naninne ; Soyer 1972, 1978) et autour de la ville d’Andenne (Calembert, 1954). Sur la carte Gesves - Ohey, leur existence sous les limons est en général révélée par les entonnoirs ou les longues saignées, le plus souvent noyés, défonçant les plateaux laissés par les affaissements des argilières souterraines. Ces dépressions sont soit partiellement comblées par les limons de la couverture écoulés depuis les bords des fosses, soit par des dépôts beaucoup plus récents et d’une autre nature… Les terrains de la Formation de l’Entre-Sambre-et-Meuse ne sont donc plus accessibles à l’observation.
Dans la région de Wépion, Soyer (1978) reconnaît parmi ces dépôts piégés dans le karst, des dépôts marins attribués à la transgression rupélienne. Ce sont des sables souvent fins, blanc rosâtre à jaune clair, assez argileux, parfois fortement rubéfiés et finement micacés. Ces couches marines (Membre d’Oret) peuvent être surmontées de sédiments continentaux fluvio-lacustres ou palustres datés plio-miocènes et constitués de sables fins, d’horizons de silt et d’argile, parfois enrichis de matières organiques (Membre d’Onhaye).
À ce second membre doivent être rattachés les épais dépôts argileux exploités entre Dave et Andenne par galeries souterraines (Calembert, 1941a et b, 1942, 1943, 1948 et 1954) et connus sous le nom d’ « Argile d’Andenne ». Ce sont des argiles blanches ou grises, lenticulaires, souvent ligniteuses et rubanées (Machuria), associés à des sables gris, des argiles parfois sableuses et colorées par des concrétions d’oxydes de fer (Dègne). Ces dépôts argileux sont profondément enfoncés dans des poches karstiques développées préférentiellement dans les dolomies dinantiennes. Ils reposent sur des dépôts sableux du Membre d’Oret. Leur géométrie brachysynclinale résulte vraisemblablement en partie de leur enfoncement progressif par soutirage sous-karstique contemporain ou postérieur à leur dépôt.
Calembert (1943) distingue les gisements piégés dans le karst, d’autres établis à la verticale des schistes namuriens. Il les considère comme des produits d’altération du matériau schisteux in situ, à l’aplomb de domaines affaissés du calcaire carbonifère, au contact de sable blanc argileux.
Dans le gisement du Jeune-Chenois chevauchant la limite entre les cartes Gesves - Ohey et Andenne - Couthuin, Calembert (1954) décrit un dépôt formé d’argile sombre grise ou noire, situé à l’aplomb du contact des terrains namuriens et viséens. Il a pu y observer l’éponte namurienne en place ainsi que des masses de terrain houiller affaissé à la base de la poche.
Il n’est pas exclu que tous ces gisements y compris ceux enclavés dans le Houiller soient issus d’un processus assez semblable. Dans ce second cas, le soutirage sous karstique affecterait d’abord les schistes silésiens et délimiterait ensuite une poche colmatée à sa base par des colluvionnements de schiste houiller (conglomérat de base) puis par la sédimentation de l’argile d’Andenne et éventuellement de dépôts de sables, reliques affaissées des dépôts marins oligocènes situés à sa verticale. De telles poches de terrain houiller effondrées dans les calcaires viséens ont été recoupées par les carrières de Beez ou des Grands Malades à Loyers sur les cartes de Namur - Champion et Malonne - Naninne (Delcambre, Pingot, 2015 ; 2017). Leur association avec des dépôts sableux plaide en faveur de ce mécanisme, davantage qu’une simple altération des schistes namuriens in situ.
Épaisseur : variable selon le contexte du dépôt. Des poches de plus de 100 m de profondeur ont été reconnues (Calembert, 1941).
Âge : les sables marins ont été attribués aux transgressions rupéliennes ou tongriennes (Oligocène ; Gulinck, 1966). Les dépôts continentaux ont été d’abord supposés contemporains des Sables de Boncelles d’âge chattien (Oligocène supérieur - Gilkinet, 1922). Ils pourraient être plus récents et s’étendre du Miocène inférieur au Pliocène (Russo-Ermolli, 1991). Notons que les datations effectuées dans ce type de dépôt ont été obtenues de coupes ouvertes dans des sablières toujours exploitées et creusées dans le périmètre des communes d’Onhaye, Oret et Bioul, bien plus au sud. Nous ne disposons pas de datations récentes à propos des gisements d’argile sur la carte de Gesves - Ohey.
Utilisation : les sables ont été extraits localement pour servir à la construction. Les argiles ont été retirées à partir d’exploitations souterraines pour fournir de matière première à la fabrication de produits réfractaires (creusets, pipes…).
Pour en savoir plus : Calembert (1941a et b, 1942, 1943, 1948 et 1954)
Soyer (1972, 1978)