Groupe houiller (HOU)

Les terrains du Groupe houiller recouvrent la partie nord de la carte. Ils sont constitués pour l’essentiel de schiste (shale) et de grès et renferment quelques couches de houille. Ils peuvent être divisés en plusieurs unités lithologiques :
  • - au nord-est de la planche, à Maizeret, le Groupe houiller repose en légère discordance sur les calcaires du Groupe du Hoyoux. Sa base y est formée de quelques mètres de calcaire argileux foncé divisés en bancs minces, à intercalations de schiste à débris végétaux (Formation de Tramaka s.l., Delmer et al., 2001). Au-dessus de ces quelques mètres de calcaires, apparaissent des couches de schiste (shale) siliceux, parfois pyriteux, entre lesquelles se glissent des bancs sub-métriques de phtanite clair (Schiltz, 1987 ; fig. 29).
  • - la Formation de Chokier surmonte les calcaires E2 de la Formation de Tramaka à Maizeret ou directement les couches viséennes dans le reste de la carte. Cette unité comprend à sa base surtout un épais épisode de schiste foncé siliceux très fin (ampélitique). Ce premier ensemble contient des fossiles marins (brachiopodes, crinoïdes, goniatites...). Il est probable que, sur l’essentiel de la carte, le contact entre les calcaires dinantiens et les schistes namuriens est encore concordant. Les terrains de la base du Groupe houiller sont surmontés de siltites, de schistes et de puissantes barres de grès micacé parfois grossier (Grès de Ronet). Ces bancs renferment aussi des horizons à faune marine : brachiopodes (articulés et lingules), lamellibranches, crinoïdes, goniatites (niveaux marins E2c, H1a et H1b). Des couches à radicelles perforantes, parfois surmontées de veinettes de houille, indiquent l’installation temporaire de sols de végétation au coeur de la sédimentation. Au contact des calcaires viséens, les couches namuriennes sont silicifiées (phtanite).
  • - la Formation d’Andenne succède à l’unité précédente et comprend un ensemble de couches distinctes des précédentes par la plus grande abondance relative des horizons gréseux et la nature des couches argileuses, plutôt brunâtres et dépourvues du caractère siliceux ampélitique commun à la Formation de Chokier. Quelques horizons de grès puissants possèdent une certaine continuité et servent d’horizons repères. En particulier, les Grès de Salzinnes (SZN) surmontant l’horizon marin R1b et situés au mur de la veine Sèche (= Tienne aux Cailloux) forment un horizon de plus de 20 m de grès grossier clair et siliceux aisément repérable et jalonné de nombreuses excavations (c’est pourquoi il a pu être figuré sur la carte). Un second épisode de grès apparaît aussi dans la partie supérieure de la Formation d‘Andenne et peut aussi être suivi au-dessus de la couche Vivier (dont le toit contient l’horizon marin R2b).
  • - La Formation d’Andenne renferme des couches de houille pluridécimétriques. Trois d’entre elles ont été l’objet d’exploitations assez importantes sur le territoire de la carte (fig. 30) :
    • - La veine Fort d’Orange (= Grande Veine de Flawinne = Sablon = Chauvin = Grande veine du Midi de St Lambert = Grande Veine du Bois Noust), précédant l’horizon marin H2c (Homoceratoides praereticulatus, Demanet, Van Leckwijck, 1959).
    • - La veine Sainte Barbe, figurée sur la carte qui avoisine l’horizon marin de Sainte Barbe de Floriffoux.
    • - La veine dite de l’Abbaye qui correspond à la veine appelée communément Léopold dans les bassins de la Basse-Sambre et de Charleroi.
    • - La veine Sèche (= Tienne aux Cailloux), sous-jacente à l’horizon R1c à R. reticulatum, surmonte les Grès de Salzinnes.
    • - La veine Vivier (= Chêne renversé), située sous l’horizon marin R2b à R. bilingue.
  • - la Formation de Châtelet clôt la colonne présente sur la carte. Elle ne se distingue guère de la précédente unité. Elle renferme quelques couches de houille dans sa partie inférieure. Sa base est fixée à l’Horizon marin de Ste Barbe de Ransart (SBR) observé dans les travaux de construction de l’écluse de Floriffoux (Bouckaert, 1966). Cette unité précède le premier train de couches exploitées de la Formation de Charleroi qui ne dépassent pas ou prou la limite ouest de la carte.
Cette division lithologique du terrain houiller est doublée de la présence d’une série de repères que constituent les horizons marins, à la fois repères lithostratigraphiques et jalons biostratigraphiques déterminés par la distribution des goniatites (fig. 31).
Épaisseur : le Namurien est épais de 400 m. Les couches westphaliennes recouvrant la carte ne doivent pas dépasser la centaine de mètres. Le calcaire à la base du groupe dans la région de Maizeret n’excède pas 5 m.
Âge : Silésien. Les terrains houillers de la carte Malonne - Naninne appartiennent au Namurien et à la base du Westphalien. L’Horizon marin de Ste Barbe de Ransart (SBR) a été reconnu dans les travaux de l’écluse de Floriffoux (Gastrioceras subcrenatum ; Bouckaert, 1966). À Maizeret, les calcaires de la base sont arnsbergiens et appartiendraient à la biozone Cf7 (zone E2a - Arnsbergien). Ils renferment Gnathodus bilineatus bollandensis, Brenckeleina, Turrispiroides (Laloux, 1987). Dans la Formation de Chokier, l’horizon E2b2 est signalé dans l’unité de Malonne (Demanet, 1941). Les Grès de Salzinnes sont datés Kinderscoutien (fig. 31).
Utilisation : les couches de houille ont été exploitées pour fournir du charbon surtout à usage domestique (anthracite). Les gros horizons de grès ont été entaillés pour produire des moellons un peu partout sur la carte.
Affleurements représentatifs :
  • - les rampes menant au plateau de la citadelle exposent les terrains namuriens de la coupe historique de définition du Namurien (Purves, 1881 ; fig. 32) ;
  • - les Grès de Salzinnes affleurent dans la carrière de la Gueule du Loup creusée face aux entrepôts des TEC de Salzinnes, le long de la route de Namur à Charleroi. Vers le nord, le long de la route, apparaissent les terrains proches de la veine Fort d’Orange masquée par un soutènement. L’horizon marin H2c y affleure plusieurs fois, répété par une faille (Delmer, Graulich, 1959) ;
  • - à la Plante, la rue de la Caracolle gravissant le flanc ouest de la vallée de la Meuse recoupe la partie inférieure de la Formation d’Andenne et la Formation de Chokier. L’horizon marin E2c à N. nuculum affleure dans le virage à la sortie sud de la ruelle du sous-bois ;
  • - à Flawinne sur la rive nord de la vallée de la Sambre affleurent les terrains plissés situés au-dessus de la Grande Veine de Flawinne (= Fort d’Orange). Cette coupe faillée répète les horizons marins R1a et R1b et montre la base des Grès de Salzinnes au sud de la coupe (Bouckaert, Delmer, 1960) ;
  • - à Maizeret, la base du Groupe Houiller, et en particulier le Membre de Tramaka affleure aux bords sud et ouest de la carrière Transcar, un peu au-delà de la limite est de la carte (Schiltz, 1987).
Pour en savoir plus : Bouckaert (1959, 1961, 1968)
Paproth et al. (1983b)
Delmer et al. (2001)

Fig. 29. La base du Groupe houiller autour du village de Maizeret (repris de Schiltz, 1987).

Fig. 30. Échelles du Namurien autour de la ville de Namur (Bouckaert, 1968).

Fig. 31. Schéma biostratigraphique du Houiller et disposition des différentes unités lithologiques dans ce schéma.

Fig. 32. Le Namurien de la citadelle de Namur (Kaisin, 1935) complété de quelques indications biostratigraphiques par Bouckaert, 1960).